Jacques comprend vite que l’obscurantisme est au cœur de cette religion où des croyances qui lui semblent aussi ridicules que fantaisistes sont omniprésentes. Il voit un reportage télévisé montrant des centaines d’hindous se baigner dans le Gange, croyant les eaux purifiées, car créés par le Dieu Shiva, alors que ce fleuve est l’un des plus pollués au monde. Il y a aussi des hindous qui prient devant ce fleuve souillé de déchets alimentaires, de plastiques, de squelettes d’animaux morts, etc. Mais nettoyer le fleuve est interdit au nom de la religion ! Jacques voit aussi un homme hindou qui reste assis, immobile, ne parler à personne des heures durant, en pleine méditation, il occupe le même emplacement tous les jours car il y ressent de bonnes ondes. Mais cet emplacement se trouve sur le passage d’un train, et l’homme doit donc se lever avant chaque arrivée de train. Pourtant l’homme tient à revenir tous les jours au péril de sa vie. Jacques apprend aussi qu’être athée en Inde est dangereux, car des intégristes n’hésitent pas à tuer ceux qui ne respectent pas la religion.
« Décidément, toutes les religions sont les mêmes ! » se dit Jacques. « Elles ont les mêmes causes, souvent mal définies, contiennent toutes une grande part de magie et beaucoup d’arbitraire, et conduisent toujours à des excès. » Jacques ne comprend pas ces besoins viscéraux d’envisager un Dieu créateur de la vie et de se soumettre à des textes millénaires écrits quand l’homme n’avait que peu de connaissances du monde, alors qu’aujourd’hui les scientifiques ont montré qu’il est possible d’expliquer la vie sans faire appel à une divinité. La vie est la conséquence de réactions chimiques impliquant de petites molécules primitives qui peu à peu ont donné naissance à des molécules de plus en plus grosses et capables d’utiliser l’énergie pour se reproduire et évoluer. Au fil du temps, ces molécules géantes sont devenues autonomes. Les plus résistantes d’entre elles se sont assemblées pour former des ensembles vivants de plus en plus complexes. Tout cela a pris des millions d’années. Et par conséquent, tous les êtres vivants sur Terre – bactéries, microbes, poissons, oiseaux, mammifères, mais aussi fleurs, arbres, etc. – ont les mêmes origines. Ils sont tous cousins ! Jacques comprend très bien tout cela, et l’accepte plus volontiers que le recours à la magie divine.
À la rigueur, Jacques pourrait accepter la pratique d’une religion pour des motifs culturels et la poursuite des coutumes locales ou familiales. Mais il ne peut se résoudre à la soumission et au culte qui enfreint sa liberté. Il veut rester libre, faire en fonction de ses choix et de ses pensées. Il n’a nul besoin qu’un livre ou qu’un représentant de Dieu lui dicte son comportement. Mais il constate avec amertume et découragement que la religion est omniprésente aux quatre coins de la planète. Il étend son voyage parmi les religions à d’autres cultes orientaux, et aussi à des cultes tribaux en Afrique et en Amérique du Sud. Partout, il retrouve des idées basées sur des dogmes, sur la magie ou le surnaturel. Après chaque voyage, il se répète la même phrase :
« Il est effrayant de constater que ces histoires délirantes continuent à se propager depuis des millénaires ! »
Au bout du périple, il choisit de mettre dorénavant le mot « religion » au singulier, et plus jamais au pluriel, car les cultes ont plus de points communs que de différences. Ce sont des équipes qui jouent tous la même ligue de champions.