Grégory
Ce jour-là, tout en joie tu souriais
Mon cher enfant, plein de vie tu jouais
Quand à l’appel tu n’as pas répondu
Ton cœur arrêté ma vie s’est fendue
Ce jour-là, le plongeur t’a libéré
Une corde les pieds et les poings liés
Dans le ruisseau noyé et ligoté
Si sage tu dormais les yeux fermés
Tes lèvres muettes qui n’ont pas souri
Ta peau douce qui était si enlaidie
Ce jour-là je n’ai pas pu t’embrasser
Trop faible je n’ai pas su te réveiller
En partant aurais-tu croisé l’Enfer
Qui a pris ta place un peu comme un frère
De son sac, il a brandi et suspendu
Une famille qui nous était inconnue
Et ainsi Douleur, Tristesse, Désespoir
Autour de la table et dans les miroirs
Solitude et Rage ont pris toute la place
Sans toi ma vie seule n’avait plus sa place
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi es-tu parti ?
Qui t’a fait cela ? Comment est-ce arrivé ?
Ces salops, ces lâches, toujours impunis
Vivent en paix. Comment accepter ?
Ce jour-là, le juge à son tour m’a tué
Face caméra – en prison ! – il a crié
Les barreaux devant moi sont tombés
Les bourreaux m’accusent de t’avoir tué
Ces éternelles années à prouver
Contre la folie des hommes aveuglés
Mon innocence face à cette déferlante
De douleur en tristesse désespérante
Que d’épisodes traversés dans une vie
Me voilà à jamais anéanti
Meurtrie et vieillie je suis encore là
Alors que tu es mort il y a trente ans déjà
Mais le combat n’a jamais effacé
L’immense vide que ton départ a creusé
Au grand jamais je ne saurai pourquoi
Ni comment tu t’en es allé avant moi
Tes rires et tes cris étaient mes plaisirs
Plus que la vérité, c’est toi qui me manques