La liberté, mon enfant
Si tu aimes la liberté, mon enfant,
Si tu cherches à t’évader, trop souvent
Pour oublier, oublier en pensant,
Et voir ce que tu ne vois qu’en fermant
Les yeux noirs ouverts aveuglément.
Si tu aimes le vent, mon enfant,
La fraîcheur dans le sang respirer
T’isoler de temps en temps, écouter
Le silence le plus grand ignoré.
Mon enfant, tu l’auras ta liberté !
Si tu aimes la vie, mon enfant,
Si tu cherches à sourire, très souvent,
Partager la chaleur enivrante
D’une flamme et d’une chaire si troublante.
Si tu penses que la vie, mon enfant,
Est ta seule raison, mon enfant,
D’être et d’aimer, mon enfant,
Que tu n’as d’autre existence, mon enfant,
Que tu te dois de l’aimer, mon enfant,
C’est cela ta liberté, mon enfant.
Te voilà avec ton héritage
Moi aussi, mon enfant, à ton âge,
Je me suis libéré lentement,
J’ai cherché le bonheur et la vie,
La liberté, et enfin j’ai compris
Que je suis dépendant de mon sang,
Que je ne verrai pas ce qu’est la vie.
Mais je sais, condamné que je suis,
Qu’il nous faut profiter aujourd’hui
Avant de sombrer au fond dans l’oubli.
Peu importe, dépêche-toi mon enfant,
Prends ton envol en souriant,
Ou tu n’auras pas le temps,
De connaître le vivant.
Je suis seul dans la grande ville
Je marche au hasard inconscient
Je croise des âmes par centaines
Des hommes, des femmes, des enfants
Je pense qu’aucune ne me voit
Elles défilent comme sur un écran
Sentiment étrange que le réel
Se rapproche du virtuel
Serais-je le seul être vivant
Dans cette foule innombrable ?
Parfois si je frôle un passant
Il ne se retourne même pas
Ce garçon dans son téléphone
Marche en lisant tête baissée
Cette jeune femme souriante
Écrit un message si pressé.
Dans ce monde moderne
La réalité a perdu pied
Ne suis-je qu’une marionnette
Qui se déplace sur un écran ?
Vidé, lessivé, j’suis crevé.
Toujours envie de partir
Mais une fois arrivé
Envie de revenir.
Quand j’suis entouré de mes proches
J’voudrais être seul comme un gosse
À la terrasse d’un café,
Boire un verre, contempler les passants,
Avaler les rayons du soleil,
Respirer tout l’air de la rue.
Mais quand je suis solitaire,
Plus question de sortir
Je reste à l’hôtel enfermé
Je manque d’air, comment respirer ?
Par la fenêtre je regarde les passants,
Par la fenêtre je les vois vivre.
Heureux celui qui sait
Profitez de la vie tout le temps
Lui seul est dans le vrai
Sa vie est toujours vivante.
L’adolescent
Arrogant, détestable, déplaisant,
Ainsi est l’adolescent
Qui ne vit que pour heurter ses parents,
Les pauvres maltraités s’isolent en pleurant.
La souffrance de l’un contre la douleur de l’autre,
La bêtise de l’un et la maladresse de l’autre.
Parler devient difficile,
Se comprendre impossible.
La vie de l’ados est une épreuve
Qui rend les parents malheureux
L’éclosion de l’enfant fait vieillir les parents
L’effloraison de l’enfant sur le dos des parents
Donner, donner, l’enfant vous le rendra
Mais soyez patient
Il faudra du temps
Un jour s’il le voudra et le pourra
Sans doute trop tard
Quand vous serez vieillard.