Le ciel
Quand je suis face au ciel, je vois son bleu profond
Sans un nuage blanc, je le trouve beau et bon
Mais je suis averti qu’en simple effet d’optique
Ce bleu n’est qu’illusion et en rien poétique
Il cache le réel, un monde nuit sans fin
Le grand monde infini que mes yeux cherchent en vain
Mal armé que je suis, je me sens impotent
Je me sais condamné à ne pas voir en grand
Je suis comme un poisson vivant dans son bocal
Un être minuscule, aveugle dans une boîte
Clôturée de falaises à couleur bleue glaciale
Je tombe d’impuissance le vertige m’emboîte
Tant de choses dans la vie sont cachées à nos yeux
On a beau s’efforcer pour ressentir au mieux
Souvent la vérité ne peut pas être lue
Il faut la rechercher au-delà de notre vue
Sans jamais se laisser duper par l’apparence
Qui fait tomber l’être dans la sotte croyance
Ne pas se contenter de vivre ici-bas
Le réel se mérite, il ne se rêve pas
S’il n’est pas unique, s’il est parfois lointain
On se doit de trouver la trace du bon chemin
On ne saura jamais sur quoi il se fonde
Mais on pourra trouver une image du monde
Les nuages
Au-dessus des nuages le soleil les éclaire
Eux qui sont dans l’orage noirs et froids vus de Terre
Éblouissent les yeux, suspendus dans les airs
Si légers, si soyeux, brillant dans la lumière
Je m’approche pour toucher leur massive beauté
Mais les hautes nuées s’évaporent en fumée
Une larme sur ma tête troublant l’œil acéré
L’illusion est parfaite, le mystère est noyé
Comment cette beauté au loin s’en est allée
Quand mes doigts l’ont frôlée laissant là mes baisers
Sur des lèvres embuées que mon cœur en suées
Se sentant esseulé ne pourra assécher
Au lointain vus du ciel leur lumière étourdit
D’ici-bas maliciels ils effrayent l’étourdi
Mais de près ils s’effacent dans un brouillard épais
En vapeur cette masse par magie disparaît
À vouloir m’approcher j’ai tué la beauté
Le rêve en vérité mes sens a trompés
Le nuage percé
Vu de loin et d’en haut, il est beau, brillant, doux et soyeux,
Vu d’en bas il est noir, froid, et amène l’orage,
Mais de près il disparait et devient brumeux.
À vouloir s’approcher on a tué le mirage,
Le mystère, la beauté, le rêve, en apparence,
Percer le réel parfois détruit l’existence.