Le temps du vide and co
Deux mille ans de civilisation, comme ils disent,
Mais en vérité bien davantage encore,
Deux mille ans de progrès, et combien de sottises
Qui n’auront servi qu’à changer le décor ?
À l’heure du bilan, la conclusion est amère.
Le monde, à l’aube de ce nouveau millénaire,
A connu la multiplication des êtres,
Mais les esprits ont mûri du néant au vide,
De l’ignorance à l’absurdité et covid,
Leurs fruits, d’une saveur hasardeuse et piètre,
Désormais avariés à l’heure du vide and co,
N’auront servi qu’à repeindre la déco.
L’homme élevé et moderne qui se rêve utile,
Pensant survoler l’histoire avec brio,
Bien qu’il suffise de quelques rares esprits fertiles
Pour cacher la vaste et dense forêt d’idiots,
Ne sait même pas qu’il n’est ni plus ni moins
Qu’un modeste pion sur un immense échiquier,
Aussi long son chemin il n’ira jamais loin
En être condamné, le sort en est jeté.
Il y a ceux qui vivent, modernité oblige,
Dans des réseaux virtuels qui font des prodiges,
Quand l’esprit trépasse au profit du logiciel
Dans une tablette d’intelligence artificielle
Aussi plate, triste et froide, qu’un hiver de misère
Pleurant la perte des saisons au cimetière,
Ils sont satisfaits pourtant d’avoir les doigts pris
Dans un mouvement perpétuel sans esprit.
Il y a ceux, plus arriérés et dévotieux,
Qui abandonnent la liberté pour un dieu,
De toute pièce pensé en des temps passés.
Et aujourd’hui encore pour se rassurer,
Ils croient dans le creux de l’esprit que la prière,
Spectacle burlesque au demeurant essentiel,
Se boit, comme l’eau légère, à la cuillère
Ruisselant sur l’autre rive si près du ciel.
Le point culminant de cet ignorantisme
Revient, c’est certain, aux auteurs de terrorisme
Ces assassins zélés, grotesques et immondes
Qui, de leurs yeux noirs, ne savent pas voir le monde,
Et préfèrent tuer lâchement pour imposer
Leurs manières, leurs prières, leur néant sclérosé.
Alors ils tirent dans leur névrose obsessionnelle
Explosant la cervelle pour un vide criminel.
Primitifs, ils ne voient ni la vie ni la mort
Préférant une image immature d’un décor
Pourtant, l’enfer est vide le paradis aussi
Seule la Terre est vivante dans cette idiotie.