Si peu de différences
Il y a mon Thomas, il y a ta Léa
Il y a leur silence que l’on n’entend pas
Ils ne peuvent pas dire, ne peuvent pas écrire
Ils voudraient bien pourtant, comme les autres, vivre
Ils sont tout comme moi, elles sont tout comme toi
Ils voient couler la flamme, mais ressentent le froid
Ils regardent les autres et se rêvent comme eux
Ils ne sont pas standards, ils en sont malheureux.
Il y a des yeux rouges, des visages attristés
Quand on nous dit franco ils sont mal faits mal nés
Que dans ce monde perdu, aucune égalité,
Qu’on est toujours déçu, point de fraternité
D’avec les autres, certains croient voir un gap
Les nôtres sont « en situation de handicap ».
Leur amour et leur rire, leur clin d’œil à la vie
Ils sont beaux, pétillants, disent oui à l’envi.
Il y a des familles avec plein de gamins
Qui jouent garçons et filles sauf un qui tend la main,
Il y a de ces gens qui parlent des marmots
Avec des airs bouffis sans maîtriser les mots,
Il y a réconfort quand son rire nous endort
Il y a des caresses quand sa main nous effleure
Il y a du répit, il y a de la joie
Quand on est unis, seuls rien que lui et moi.
Il y a mon Thomas, il y a ton Éva
Il y a sa Charlène, il y a sa Léa
Il y a Anaïs, il y a leur Quentin,
Il y a Raziye, il y a leur Odin
Il y a le grand Pierre, le petit Jonathan
Il y a nos enfants, il y a leurs enfants
Ils sont tous les mêmes, ils sont tous différents
Et nous, on les aime plus forts petits et grands.
Il y a leur silence qui parle avec amour
Il y a leur visage et les regards autour
Il y a des têtes qui soudain se tournent
Quand la détresse inonde ce sont les yeux qui coulent,
Quand on l’entend se dire « ma vie elle est trop rude »
Quand on comprend le poids de la solitude
Il y a des moments quand l’espoir ne tient plus
Il y a des moments comment n’être abattu
Il y a des êtres seuls car on ne les voit pas
Il y a des êtres bons on ne les entend pas
Il y a des gamins on ne les voudrait pas
Il y a des enfants on ne les prendrait pas,
Mais moi je les entends ces gamins sans-abri
Ces trésors endormis cachés sous les débris
Ces gamins richesse qui donnent une autre vie
Si on leur tend la main, oui, sans a priori.
Il y a des sourires, il y a des yeux clairs
Il y a de ces rires qui vous touchent, vous éclairent
Il y a le partage, il y a de ces joies
Il y a cœurs brisés quand on ne comprend pas,
Il y a des enfants qui vous donnent encore
L’envie de combattre pour que battent les cœurs
Il y a des courages, il y a des aigreurs
Qui vous donnent la rage pour chercher le bonheur.
Il y a des artistes qui se révèlent rares
Que personne ne voyait devenir de vrais phares
Il y a des oiseaux qui s’envolent bien tard
Et qui montent en azur rencontrer les stars,
Comme la nature offre toutes les natures
On aime la mer, les déserts, les pâtures,
On peut faire de la place pour toutes les âmes
Mais dans leur vie hélas certains sont plus qu’infâmes.
Il y a des gamins qui vous ouvrent les bras
Il y a des Thomas qui ne parlent pas
Il y a les non-dits que l’on entend pourtant
En voyant les larmes coulées des yeux torrents.
Ils les disent condamnés, condamnés pour toujours
Ils les disent condamnés, condamnés mon amour
Ils les font oublier, disparaître à jamais
Ils disent handicapés pensant bêtes et muets.
Mais ce n’est pas comme ça que la vie est faite
Les gens ne savent rien, ils sont bien trop bêtes,
Ces enfants liberté sont bien tout au contraire
Ils sont les albatros de Charles Baudelaire
Ils sont trop beaux trop grands pour que les yeux étroits
Ne voient l’exceptionnel à portée de leurs doigts
Nos enfants de lumière ont ébloui les sots
Ils nous montrent un chemin ils sont nos héros.
Tu sais, de tous les temps, sur tous les continents
Il y a eu autant de génies différents
Qui ont eu de ces rires qui de joie font frémir
Qui ont eu de ces pleurs qui inondent l’avenir,
Quel que fût leur faciès, elles étaient princesses
Quelles que fussent leurs manières, ils étaient promesse
Ils cherchaient eux aussi à partager la vie
Ils voulaient eux aussi leur place au paradis.
Qu’ils s’appellent Thomas, qu’ils s’appellent Léa
Qu’ils s’appellent Lucas, qu’ils s’appellent Lina
Ils ont de ces sourires qui allègent le poids
De la blessure intime et qui font d’eux des rois,
Qu’ils s’appellent Marie, Raphaël ou Manon,
Qu’ils s’appellent Naëlle, qu’ils s’appellent Léon,
Ils sont tous les mêmes, ils sont tous différents
Dans la vie des petits, comme dans la vie des grands.
Le handicap
Pour les autres, il est transparent,
Et c’est déjà une première lutte,
Mais pour toi, il est présent
Tel un fardeau à toute minute
Chaque laps de vie, silencieux
Comme englué il reste en toi.
Caché au loin derrière tes yeux
Tu es le seul qui le voit
Qui le ressent et le connaît.
Il t’interdit la liberté,
D’écrire tes envies tes pensées.
Quand fuyant les doutes tu renais
Enfin tu ouvres ton livre
Tu es le seul à le vivre
Ils disent qu’il faut faire avec, mais
Ignorent tout de ta vie d’être
Si éloignée de leur bien-être
Tu les envies mais tu te tais
Jamais au matin une larme,
Quand tu t’éveilles inlassable,
Tu n’as pas les mêmes armes,
Mais tu te bats comme un diable
Quand de toi les autres se moquent,
Tu es un roi, tu t’en moques,
Tu donnes tout sans rancœur,
Sans méfiance et sans pudeur.
Tu voudrais un monde du bien
Vis ! Ton destin est le tien