Le casanier
Il aurait fallu que je leur dise
Mais le cœur n’a pas voulu
Il a mis l’info dans sa valise
Celle qui part pour le rebut
Il est des fois où le cœur se tait
Avec les mots il est comme ça
Respirer la liberté en paix
Il ne demande rien que ça
Il aurait fallu juste parler
Mais la tête si fatiguée
Elle préféra s’autocensurer
Sans trier toutes les pensées
Il est des fois, l’esprit débordé
Où les mots sont sacrifiés
Je les dépose en perdition
Ils disparaissent dans les bas-fonds
Il aurait fallu que je le crie
Mais le ventre n’y était pas
Il sentait l’angoisse et les soucis
Qui précèdent le trépas
Il est des fois où le corps dit non
Dominé par une peur au ventre
Il effraie l’indigente raison
Et se réfugie dans son antre.
Il aurait fallu que je le dise
Mais les méninges n’en pouvaient plus
Elles m’ont dit fais pas de bêtise
Retiens tes mots dans l’influx
Il est des fois où les nerfs protègent
Contre la fureur et l’appeau
En te disant comme un sortilège
Garde les mots dans ton cerveau
Je ne suis pourtant pas étourdi
Mais les éléments sont forts
Ils s’immiscent en douce dans ma vie
Comme une excuse à mes torts
Il est tant de fois où je me perds
Où je ne vois plus les idées
Je préfère m’enfuir dans le désert
Et oublier même de parler
Les mots
Si forts, si riches, si grands, les mots
Écrits, parlés, chantés, si beaux
Jamais seul ne me laisseront
Dans un puits de silence sans fond
Si justes, si vrais, si féeriques
Ils sont là tout près magiques
Je les écris je les écoute
Quand j’ai besoin quand j’ai des doutes
Grands et petits en harmonie
Coulent au plus profond de ma vie,
Ils me connaissent ils me comprennent
Comme des anges, jusque dans les veines
Les savoir là dans mes pensées
Les avoir là à mes côtés
Me donnent des ailes pour les cieux
C’est un bonheur d’être avec eux
Avec les mots, l’imaginaire
M’ouvre une porte dans les airs
Grâce à eux mon esprit s’élève
Tant de talents tus se révèlent
Comme une femme, comme un enfant
Les mots apportent la jouissance
La plénitude tant recherchée
Et que c’est bon d’en profiter !
Les mots font vivre ma mémoire
Me renvoyant façon miroir
Les hauts les bas de mon histoire
Pour mieux faire vivre mes espoirs
Les jours où il ne fait pas beau
Je les écris dans un sanglot
Dans un poème ils m’accompagnent
Jusqu’au grand cœur qui fond en larmes
Je ne fais pas vivre les mots
Ce sont eux qui respirent mes maux
Qui me libèrent de mes fardeaux
Et qui m’entraînent vers le haut
Quand j’ai du mal dans mes pensées
Que je ne sais plus échanger
Quand seul le silence fait le beau
L’absence de mots devient un mot
Tel un désir, telle une envie
Ils égayent, ils éclairent ma vie
En m’offrant la liberté
En grand d’écrire et de penser
Quand vieux et laid j’irai au seuil
Je ne serai pas vraiment seul
Pour toquer la porte de l’autre
Je lui dirai je suis des vôtres