Le cœur sous la peau
Je soulève ta peau pour voir ton cœur heureux
Mais ne voit rien de beaux sous les plis douloureux
Recouvert de sang lourd il se noie dans mes yeux
À ma voix semble sourd quand je parle de mon mieux
Les mains que je lui tends pour aider l’être aimé
Se perdent dans les temps et ne peuvent le sauver
Inconscient, ignorant, je me sens dévasté
Face à ce cœur mourant je me fais dévorer
Je referme le monde pour cacher la brûlure
Transmuer cette bombe pour crier sur les murs
Je ressens toute la honte de ces êtres immatures
Qui ne voient dans les contes que de belles aventures
Je ravale ma salive dans un dernier effort
Réfutant la dérive de mon cœur en aigreur
La beauté immersive dans un sang enjôleur
Ne peut feindre l’esquive sans tomber dans l’erreur
La peau sous les eaux
Étendue dans son bain elle ferme les yeux
Sans toucher de mes mains me faisant silencieux
Je soulève la peau de l’eau claire et légère
Pour deviner la chair de cette belle étrangère
Mais je tombe sur son derme qui me trouble un instant
J’ignorais qu’il était satiné attirant
Je pensais qu’en ôtant la fine mousse blanche
Je trouverais son cœur mais j’ignorais la banche
Alors je contemple sous les eaux cette peau
L’épiderme enivrant si fragile et si beau
Que je ne sais franchir pour percer l’intérieur
De cette âme en beauté dans cette eau en chaleur
Toujours une autre peau à franchir pour trouver
Les sentiments secrets les désirs les pensées
De l’autre on ne peut voir toutes les couleurs
Jamais on ne pourra l’atteindre en profondeur
La nature sous la peau
Si je pouvais franchir cette peau
Et voir ce que même la lumière
Ignore
Si je pouvais voir derrière les mots
Pour écrire un son que la lumière
Colore
Je serai au plus près de tes maux
Si je pouvais voir sous le derme
Ton cœur
Mais je ne peux ôter sans ta perme
La pudeur qui cache sous la peau
Ton corps
Retirer cette peau si légère
Pour laisser apparaître tes secrets
Intimes
Je voudrais sur la feuille voir l’envers
Y écrire tes désirs à la craie
Sublimes
M’enivrer de ta peau qui respire
Sur ta sueur humer ton odeur
Ta peau
Sous ma main la caresse qui attire
Ne peut ôter même quand elle l’effleure
Ta peau
Le voile autour de ton corps protège
Ta nature tes pensées du regard
Des autres
Moi j’aimerais vivre le privilège
De vaincre le mur qui nous sépare
De l’autre
Cette peau qui arrête mes yeux
Me cache ta nature et ton jeu
Je me sens impuissant maladroit
Devant ce mystère trop grand pour moi
Je ne pourrais jamais j’abandonne
Voir qui tu es résoudre la donne