La résistance
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, humbles et modestes
Nous mangions peu, souvent la même soupe,
Mais le pain était chaud, la mie était tendre,
L’écorce était ferme et dorée.
Nos habits étaient rêches et sans éclat,
Nous étions pourtant beaux, élégants même,
On ne regardait pas la façade
On ne voyait que l’essentiel et le vrai.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, braves et dignes,
Nous étions fiers de notre pays,
Le combat face à l’envahisseur
Était notre raison et notre vision,
La lutte comptait plus que notre chagrin.
La peur était là, le doute aussi ,
Mais nous avions la noblesse de les oublier,
C’était là notre force, notre grandeur.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres mais déterminés,
Nous voulions défendre la patrie,
Nos vieillards, nos enfants, nos infirmes,
Nous voulions défendre un idéal,
La liberté et l’envie qui font la vie.
Notre hymne était un chant de joie et de lumière,
Qui s’entendait jusqu’à l’horizon à tous les échos
Et qui prenait la main à qui la tendait.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, peinés, mais volontaires,
Le fantôme du mal qui rodait sur le chemin
Nous privait de notre cher idéal
On savait, plus que d’autres peut-être,
Ce qui comptait vraiment dans la vie.
On savait dire ce que pensait notre cœur,
On avait les mots pour construire le destin
Et la rage pour sauver notre honneur.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres et fiers à la fois,
Notre courage était la norme d’antan,
Le sacrifice pour la nation, et aussi
Pour nos partenaires d’infortune,
Était le signe de notre engagement.
Nous donnions nos vies pour que nos enfants
Ne connaissent rien de cette tragédie,
Notre mort serait le bonheur du lendemain.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, affamés, miséreux,
Nous rêvions de ces mondes oubliés
Où la nuit est faite pour rêver, et non trembler,
De ces pays où la paix ne vient pas à manquer,
Où on ne tue pas pour ne pas crever,
Où on se lève le matin pour chanter,
Où les enfants grandissent en courant,
Et où seuls les vieillards s’en vont en paix.
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, vaillants et courageux,
On savait que certains ne reviendraient pas,
Que l’ennemi, et le hasard aussi, seraient cruels.
Mais savez-vous qu’à chaque frère tué
On criait pour être à sa place ?
Et comprendrez-vous qu’en revenant
Sans les forts compagnons tombés
On ait eu honte comme des petits enfants ?
Nous n’avions pas de honte à le dire,
Nous étions pauvres, jeunes et rêveurs,
On s’était promis, qu’en toute fin,
Nous aussi nous serions de ceux-là
Qui, au matin, ouvrent grand les volets
Pour voir entrer la lumière d’un jour nouveau,
Et que sèchent nos larmes, et que battent nos cœurs,
Et que chantent les femmes, et que vivent les hommes,
Et que reviennent la paix, et à jamais la liberté.