L'histoire sacrée
L’homme créa dieu
Un dieu, deux dieux, à qui mieux mieux
L’homme avait de l’intelligence
Mais encore trop peu de connaissances.
Il espérait, entre autres, se distinguer
De ses voisins si détestés
Tout en créant l’union sacrée
De son peuple divisé.
Mais il sut à peine se séparer
Des suidés, carnassiers et bovidés,
Des oiseaux sauvages et autres bêtes
Trop idiotes pour penser la fête.
L’homme, si fier, créa la prière
Pour implorer avec manières.
Il créa un savoir-faire
À quatre pattes, les mains en l’air,
Allier si bien le geste et le verbe
Pour ne rien perdre de la superbe.
Pour maîtriser la pluie et la faim
Pour éloigner la peur des défunts
Il a fait don et soumission
Envers sa propre création,
Oubliant même les origines
Avec le temps des pensées divines.
L’homme, ce croyant, inventa les textes
Non sans avoir déjà créé des prétextes.
Il écrivit ce qu’il crût, sur l’instant, beau et utile
Pour élever le peuple inculte et docile
Gravé dans le marbre ou dans une tête fertile
La plume tenue d’une main si agile
Une histoire, une musique, une magie
Mêlées de faits et de mythologies.
Il ordonna pour toujours des rites et des cultes
Contrôlés par des influences occultes
Qui imposent la loi pour l’éternité
Et interdisent la moindre pensée.
L’homme, ce bâtisseur, créa les lieux de culte
Pour la prière des enfants-adultes
Les célébrations en réunion
Entre gens de même communion.
Célébrer l’esprit et le corps
Parler des morts et de la mort
Pour les vivants, donner les codes
Les bonnes manières, les bonnes méthodes
Les attitudes, la bonne tenue
Les bons objets, les bons menus
Sinon l’impie sera banni
Soumis à tyrannie et avanie.
L’homme, ce destructeur, inventa la guerre de religion
Au nom de l’union dans la conversion,
Refusant toutes différences
Tuant l’esprit avec élégance
Les troupeaux au son de l’appeau
Jetteront les corps impurs dans les eaux.
Les croyants d’une autre providence,
Les athées et mécréants en déviance
Tous devront abjurer
Et perdre leur liberté
Pour implorer les textes sacrés
Des érudits d’un temps reculé.
L’homme, ce sage, inventa la paix entre les religions
Simple leurre ou belle trahison ?
Tel un semeur de venin qui monnaie l’antidote
Le zélé aux ardeurs dévotes
Sème les graines de récits mythiques
Pour la survie des pensées ataviques,
Une fois en place l’arsenal
Il échange le pouvoir contre le coup fatal.
Faut-il être dupe pour ne pas voir
Le sournois qui donne à croire
Misant sur la culpabilité
Pour mieux faire vivre l’absurdité.